Pascal Courcelles

Le peintre qui cultive la couleur

Chez Pascal, la peinture pousse comme une plante rare : avec patience, passion et émerveillement. Dans son univers, la nature n’est pas seulement un décor, mais une matière vivante, un terrain de jeu pour la couleur et la lumière. Chaque rosier de son jardin, chaque fruit minuscule devient prétexte à peindre — un dialogue silencieux entre la main de l’artiste et la générosité du monde végétal.
Peindre, pour lui, c’est jouer, observer, écouter le rythme des saisons et celui des pigments. Dans ses toiles, dans ses livres peints, dans ses harmonies de formes et de sons, Pascal Courcelles cherche à augmenter la beauté des choses, à offrir un art qui fait du bien, qui éclaire le quotidien sans l’alourdir.
Rencontre avec un peintre-jardinier pour qui chaque couleur est une émotion et chaque œuvre, une promesse de lumière.

La nature comme palette vivante

Dans son univers, la nature n’est pas seulement un décor, mais une véritable source d’inspiration et de matière. Dans son jardin, qu’il a peuplé de centaines de variétés de rosiers et de malus, il observe les cynorrhodons, les petites pommes, et la manière dont chaque fruit, chaque couleur, devient un point lumineux dans ses toiles. « Le bourdon est un pinceau volant », dit-il avec poésie, comparant la pollinisation à la façon dont les pigments voyagent d’une fleur à l’autre.

Pour lui, le jardin est une palette vivante, un espace où les nuances de verts et les éclats rouges des fruits inspirent la lumière et la texture de ses peintures. Cette immersion dans la nature lui permet de créer des toiles qui scintillent de petits points de couleur, comme autant de reflets d’un jardin secret. « Augmenter la beauté des choses et le mieux-vivre », voilà comment il envisage l’art, comme un écho de la nature dans nos intérieurs.

Peindre, c’est jouer tous les jours : le métier-passion de Pascal Courcelles

Si la nature nourrit son inspiration, le quotidien de Pascal Courcelles est entièrement dédié à la peinture. Oui, il peint à plein temps, et sa femme le taquine en disant qu’il « s’amuse » plutôt qu’il ne travaille. Pour lui, ce jeu quotidien est devenu un véritable métier : « Jouer huit heures par jour pendant cinquante-quatre ans, c’est un métier ! » plaisante-t-il.

Il raconte avec humour comment ce qu’il ressent comme un jeu est en réalité un travail de longue haleine. Peindre chaque jour, c’est aussi s’engager dans un processus qui évolue avec le temps, une sorte d’aventure où l’œuvre finit parfois par prendre une direction inattendue. Cet engagement total fait de lui un peintre qui, tout en « jouant », construit patiemment des toiles qui vivent et évoluent au fil des années.

Les livres peints : la lecture comme terreau de création

Au-delà de son jardin et de ses ciels abstraits, Pascal Courcelles accorde une place particulière aux livres dans son parcours artistique. Depuis une décennie, il peint des livres comme on cultive un jardin secret. Ces ouvrages, longtemps restés à l’abri des regards, sont sur le point de trouver leur public. « On travaille dix ans dans l’ombre, puis un jour on te dit : on te fait une expo demain », raconte-il, comme si l’écrit venait soudain compléter la lumière de la peinture.

Pour lui, la lecture est une forme d’élargissement de l’esprit, une autre manière de voyager. « Lire, c’est agrandir son espace », dit-il, et cette passion pour les livres se reflète dans ses œuvres, où chaque page peinte devient une toile miniature, un espace de méditation et de création.

La peinture comme une partition : la musique au cœur de la création

Pour Pascal Courcelles, la musique joue un rôle essentiel dans son processus créatif. Il compare volontiers une peinture à une partition musicale, où chaque trait et chaque couleur deviennent des notes sur une portée. « Une œuvre, c’est comme une partition : il y a un rythme, des lignes horizontales et verticales, des points comme des croches, et on apprend à orchestrer tout ça », explique-t-il.

Dans son atelier, la musique est souvent une compagne de travail, qu’il s’agisse de morceaux baroques, de musiques du monde ou même d’opéras joyeux. Chaque toile porte ainsi une part de ces harmonies, traduisant en couleurs et en formes ce que la musique lui inspire. Pour Courcelles, peindre, c’est finalement un peu comme composer : c’est donner un rythme visuel, une mélodie silencieuse qui résonne différemment chez chaque regardeur.

Quand s’arrêter ? L’œuvre en perpétuelle évolution

Pour Pascal Courcelles, savoir quand un tableau est réellement « terminé » est une notion mouvante. Il y a des œuvres qui partent en exposition et qui, de retour dans son atelier, peuvent être regardées d’un œil nouveau. Ce n’est pas qu’elles reviennent pour être retravaillées d’emblée, mais plutôt que le temps, la distance et le regard renouvelé de l’artiste finissent parfois par susciter une nouvelle intervention. « Parfois, on redécouvre une toile après un certain temps, et une nouvelle touche s’impose naturellement », dit-il.

Il ne s’agit pas de dire qu’une œuvre n’a pas trouvé preneur, mais plutôt de montrer que chaque toile a sa propre vie, sa propre trajectoire. L’artiste, en revenant sur une pièce, laisse parfois une œuvre évoluer encore, comme un jardinier qui taille une plante pour lui donner une nouvelle forme. C’est une approche où l’œuvre n’est jamais figée et où chaque retour est une opportunité de transformation.

Le lien avec le public : une œuvre qui trouve sa place chez l’autre

Pour Pascal Courcelles, le public joue un rôle essentiel, non pas en tant qu’expert mais comme une personne qui va accueillir l’œuvre dans son quotidien. Il attache beaucoup d’importance à l’idée que ses tableaux vont « rentrer dans une maison », trouver une place dans le cœur et dans la vie de quelqu’un qu’il ne connaît pas. « C’est une forme de communication intime, un tableau qui continue à vivre et à apporter quelque chose chez quelqu’un d’autre », explique-t-il.

Ce qu’il attend, c’est cette résonance : que l’œuvre ne soit pas juste vue, mais adoptée, qu’elle trouve une résonance émotionnelle et embellisse un intérieur, une existence. Pour lui, c’est cette dimension sociale et chaleureuse de l’art qui donne tout son sens à son travail.

« Je veux penser qu’une œuvre est là pour augmenter la beauté des choses et le meilleur vivre. » Pour lui, s’entourer d’œuvres d’art, c’est s’offrir un bien-être, une source de réconfort et de beauté au quotidien. Il insiste sur le fait qu’une œuvre doit faire du bien, apporter une énergie positive, et enrichir l’espace de vie de ceux qui l’accueillent.

En ce sens, son art n’est pas là pour susciter de la souffrance ou de la douleur, mais plutôt pour transmettre un plaisir, une joie de vivre, une sorte de lumière au quotidien. C’est cette conviction qui guide son travail, en espérant que chaque tableau puisse ainsi contribuer à embellir l’univers de ceux qui le choisissent.